Migrations de jeunes Africains et représentations médiatiques des migrants : perspectives critiques

et

Résumés

Alors que la migration est devenue un enjeu central dans l’argumentaire politicien et dans les discours médiatiques, le sort réservé aux jeunes migrants africains sur les routes mérite d’être analysé de façon critique. Une fois dépassés le sensationnel et l’émotionnel que produisent certains reportages médiatiques, reste le plus difficile, soit envisager les effets d’une structuration des rapports de forces dans le champ des relations internationales sur des événements conjoncturels ou circonstanciels qui attisent plus la clameur médiatique qu’ils ne stimulent la réflexion critique plus globale ou holistique. Ce lien justifie les deux approches ici choisies: celle d’une enquête microsociologique des pratiques communicationnelles réalisée au Maroc auprès de jeunes « en aventure » et celle d’une analyse critique plus holistique des logiques de pouvoir dans le champ des relations internationales dont les effets affectent directement la situation des jeunes Africains sur les routes migratoires
While migration has become a central issue in political arguments and media debates, the fate of young African migrants on the roads deserves critical analysis. Once past the sensational and emotional focus of some media reports, remains the difficult task of analyzing the effects of structuring power relations in the field of international relations on cyclical or circumstantial events that stir up media clamour more than they stimulate critical reflection. This link justifies the two approaches chosen here: a microsociological survey of communication practices carried out in Morocco among young people "in adventure" and a holistic critical analysis of power logics in the field of international relations, the effects of which directly affect the situation of young Africans on migration routes.

Texte intégral
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Introduction

La photo avait fait la couverture de divers journaux européens et suscité une vague d’indignation en septembre 2015 : le corps sans vie d’un enfant syrien de trois ans échoué sur une plage turque et dont le visage était plaqué contre le sable. Trois ans et demi plus tard, les corps des migrants noyés continuent de s’échouer sur les côtes européennes et le « laisser mourir » semble être utilisé par l’Union européenne comme un outil dissuasif pour migrer illégalement. L’Organisation internationale des Migrations recense 17 000 morts et disparus en mer méditerranée depuis 2014.

Depuis, les dirigeants européens n’ont eu de cesse d’intensifier leur lutte contre l’immigration irrégulière en renonçant de plus en plus aux valeurs européennes, notamment celles qui promeuvent et protègent les droits et libertés des personnes. Ces autorités politiques européennes ne se sont pas contentées de signer des accords permettant le renvoi systématique de migrants vers la Turquie et la Libye en 2016 et 2017, elles refusent aussi d’accueillir les migrants sauvés par les bateaux humanitaires et criminalisent les acteurs qui tentent de sauver les vies. Ainsi, en juin 2018, pour justifier son choix d’avoir gardé le silence pendant trois jours alors que l’Aquarius cherchait un port où accoster, puis refusé d’accueillir une partie des 629 migrants qui étaient à son bord, le président français, Emmanuel Macron, assimilait le sauvetage à de « bons sentiments faciles », lors d’un discours au siège des Nations Unies. Après plusieurs jours de tensions diplomatiques entre Malte, l’Italie et la France, les 629 migrants avaient finalement été accueillis par l’Espagne. Quelques mois plus tard, le 6 décembre 2018, les organisations Médecins sans frontières et SOS Méditerranée annoncent mettre un terme aux opérations de sauvetage de l’Aquarius qui était devenu le symbole de la crise politique concernant l’accueil des migrants. Privé de pavillon depuis le mois d’octobre 2018, le navire qui a secouru 30 000 migrants depuis 2016 ne sauvera plus personne.

Les causes des décès des migrants ne se limitent pourtant pas aux noyades en mer, mais s’étendent aux asphyxies, blessures, suicides, morts de faim ou de froid, homicides, absence de soins, empoisonnements ou accidents tout au long du parcours (Migreurop, 2015). Certains de ces drames ont connu une plus grande visibilité publique grâce à la célèbre télévision américaine CNN (Cable News Network) qui diffusa en octobre 2017 les images d’une « vente aux enchères » de jeunes migrants africains à Tripoli. Là, encore, l’indignation semblait extrême, mais leur sort a été oublié aussitôt que les médias ont cessé d’en parler.

Les événements fortement médiatisés que nous avons évoqués participent à rendre davantage visibles le départ et le déplacement de jeunes migrants africains sur les routes migratoires. C’est cet itinéraire riche en enseignements qui nous intéresse particulièrement dans cet article. Or, ces déplacements constituent pourtant un fait statistique minoritaire, qui n’a pas augmenté au cours des dix dernières années. Le paradoxe invite donc à s’interroger sur cette surreprésentation des migrations africaines dans les discours médiatiques et politiques portant sur les migrations (Lessault et Beauchemin, 2009).

Dans cet article, nous mettrons en perspective deux approches, celle d’une enquête ethnographique en cours de réalisation au Maroc et une analyse critique plus holistique qui interroge des enjeux de rapports de forces dans le champ des relations internationales. Il est difficile d’extraire la question migratoire d’une approche globale des relations internationales et des enjeux qui se greffent autour de celles-ci sans risquer d’offrir des analyses parcellaires et donc insuffisantes. Alors que la migration est devenue un enjeu central dans l’argumentaire politicien et qu’elle prend une grande place dans les discours médiatiques, nous nous poserons cette question : Qu’est-ce que les médias font aux migrants africains, à leur entourage dans le pays d’origine et aux diasporas afropéennes ? Pour répondre à cette question, nous nous baserons, dans un premier temps sur une enquête réalisée à Rabat auprès de jeunes migrants en attente de continuer leur parcours migratoire vers l’Europe. Dans un deuxième temps, nous aborderons les liens qu’entretiennent ces représentations médiatiques avec le politique, en pointant notamment le décalage qu’il y aurait entre les perceptions des jeunes migrants et l’ampleur et la violence des mesures prises par les gouvernements européens pour décourager leurs initiatives de migrations. Enfin, dans un troisième temps, nous essayerons d’inscrire la question migratoire dans une approche globale des relations internationales en démontrant comment certaines questions de fond essentielles échappent à la clameur médiatique.

Les communications des migrants subsahariens au Maroc

Depuis plus d’une décennie, la réorientation des politiques migratoires européennes vers une approche exclusivement sécuritaire, notamment avec la généralisation du régime des visas dans l’espace Schengen, a conduit de nombreux subsaharien.ne.s (expression communément utilisée au Maroc pour désigner les personnes noires en migration originaires d’Afrique centrale et de l’Ouest) à tenter leur chance dans un pays sud-méditerranéen en attendant de rejoindre le continent européen. Pour ces derniers, passer la frontière avec ou sans visa peut prendre des années, ce qui vide de son sens la notion de transit (Alioua, 2007). Dans ce contexte, le parcours des migrants subsahariens est souvent associé à une migration par étapes dans laquelle le Maroc est caractérisé par la recherche du chemin vers l’Europe.

Les différents séjours de recherche que nous avons réalisés à Rabat et à Casablanca entre 2014 et 2018 nous ont permis d’alimenter une réflexion sur les conditions de vie des subsaharien.ne.s inséré.e.s de façon volontaire ou non dans des parcours qu’ils qualifient d’« aventure ». En Afrique de l’Ouest, la migration d’aventure ne date pas d’aujourd’hui. Un vaste éventail de littérature est consacré aux jeunes qui traversent les déserts et les détroits du continent africain (Bardem, 1993 ; Glodschmidt ; 2002) avant d’arriver en Europe (Bazenguissa, 1995; Bouly de Lesdain, 1999). Pour Bredeloup (2008), la migration d’aventure est une forme particulière de l’expérience migratoire dans laquelle l’ambition personnelle est la principale motivation. Les itinéraires de ces jeunes qui se qualifient eux-mêmes « d’aventuriers » sont fondés sur la ruse, la bravoure et l’exploit pour contourner les règles internationales et la fermeture des frontières. Pour Timéra (2001), la migration d’aventure constitue une issue possible pour « chercher sa vie » et échapper à une forme d’insignifiance et de mal-être social dans le pays d’origine. Cependant, le séjour des aventuriers au Maroc peut se prolonger indéfiniment et l’attente se muer en installation s’ils ne parviennent pas à effectuer leur passage ou s’ils trouvent d’autres opportunités sur place.

Ces jeunes qui sont en « attente » prolongée au Maroc présentent une caractéristique qui nous intéresse ici : celle d’être hyper connectés via leur Smartphone, et ce, à tous les espaces traversés. Cette hyper connexion se constate à la fois dans leurs pays d’origine (Sénégal, Côte d’Ivoire et Cameroun pour la majorité des enquêtés âgés de 25 à 35 ans), dans les pays qu’ils ont traversés (pour ceux qui ont vécu dans d’autres pays avant d’arriver au Maroc) et enfin, avec leurs proches ou camarades qui résident dans d’autres villes du Maghreb ou en Europe. Au Maroc, cette connectivité est facilitée par le coût d’Internet qui est assez peu élevé, du moins par rapport aux autres pays du continent africain[1]Par exemple, chez Maroc Telecom ou Inwi, les deux opérateurs principaux, … Suite....

Dans ce contexte, il est intéressant de se demander si le média peut être une tribune pour préserver les illusions d’une espérance nourrie pour les familles qui attendent un « retour d’ascenseur ». On peut aussi se demander si ces médias peuvent constituer des facteurs d’atténuation des difficultés rencontrées par ces jeunes. L’usage récurrent des médias permettant une interaction directe comble-t-il le vide engendré par la nostalgie et le manque affectif causé par la distance ? Pourquoi ressentent-ils le besoin de rester « connectés » ? Quand nous les questionnons, la totalité des enquêté.e.s manifestent leur satisfaction de pouvoir communiquer beaucoup plus facilement qu’il y a quelques années avec leurs proches. Ces communications plus fréquentes ne rendent pas forcément moins complexes et ambigües les relations que peuvent entretenir ces jeunes « doublement absents » ou « doublement présents » (Sayad, 1999) avec leurs familles restées au pays. Chaque migrant, par respect pour lui-même et le groupe, dissimule les souffrances liées à l’émigration, ce qui évoque le « mensonge collectif » analysé par Sayad (1999). À l’heure du numérique, il est intéressant de se demander si cette hyper connectivité rend plus difficile la dissimulation des difficultés rencontrées dans le parcours. Ce qui est certain, c’est que ces communications n’ont pas tendance à raccourcir le nombre d’années que ces derniers mettent pour retourner chez eux. Mais ces éléments ne sont pas forcément problématiques pour les jeunes interrogés.

Abdoul est un commerçant qui a ouvert une des premières boutiques de produits africains (alimentation et cosmétique) dans une galerie marchande au centre-ville de Rabat. Il est constamment en communication avec sa famille au Sénégal, notamment sa femme et ses enfants qui font des allers-retours entre Dakar et Rabat : « Aujourd’hui, on peut être présents à différents endroits » nous dit-il au cours d’un entretien[2]Cet entretien informel a été réalisé en juillet 2017 dans le cadre … Suite.... Saliou, lui, a laissé son épouse et ses deux enfants au Sénégal. En quatre ans d’absence, il n’est revenu que trois mois chez lui durant l’été 2016. Mais il est également très régulièrement en appels vidéo sur whatsapp avec sa mère, sa femme et ses deux enfants. Un matin, Saliou nous dit en souriant que sa femme l’a disputé à cause de sa barbe qu’il laisse pousser et fait remarquer qu’il fallait qu’il se rase. Il semble donc ici que le contact virtuel via les différents réseaux sociaux vient combler le manque que causerait nécessairement la distance physique. Internet est considéré comme un élément réducteur voire même « effaceur » de distance. Il n’est pas sûr cependant que cette perception quasi « surestimée » du pouvoir du virtuel soit la même pour les familles restées sur place qui, au-delà de l’espérance d’une réussite matérielle de leurs progénitures en migration, auraient aimé les revoir « physiquement » le plus rapidement. L’emploi du conditionnel ici est une marque de prudence, car l’étude ne porte pas sur l’attitude des familles d’origine de ces jeunes migrants, mais sur ces derniers eux-mêmes.

Cette hyper connectivité permet également aux principaux intéressés de dialoguer avec leurs camarades qui ont poursuivi leur route jusqu’en Europe, de les entendre, mais aussi de les voir à travers la caméra de Whatsapp ou de Messenger. Ainsi, lors d’un séjour d’enquête en juin 2017, nous avions rencontré un jeune sportif ivoirien qui résidait à Rabat depuis six mois. Il travaillait dans un lavage-auto et collectait patiemment l’argent du « boza » (voyage) qu’il a réalisé quelques semaines plus tard puisqu’il est aujourd’hui en Espagne. Fait marquant, si ce dernier n’avait pas toujours de quoi manger correctement – il préférait, notamment, économiser l’argent du voyage – la connexion internet lui faisait rarement défaut. C’est ainsi qu’il nous raconta être en contact régulier avec un ami ivoirien l’ayant précédé en « Mbing » (c’est-à-dire en France) et qui, faute de mieux, dormait à la gare du Nord à Paris (pourvue d’une connexion WiFi gratuite). C’est ainsi que le soir, fatigué après une dure journée de labeur[3]Ce jeune Ivoirien gagne 70 dirhams (6 euros cinquante) par jour. Ce … Suite..., il s’étendait sur son matelas et rejoignait la blogosphère. Grâce à cette hyper connectivité lui permettant d’être au fait des difficultés vécues en Europe, il en déduisait qu’il ne rejoindrait pas la capitale française, mais chercherait plutôt à aller retrouver des connaissances dans une petite ville de province. La connectivité de ces jeunes s’accompagne d’une mise en visibilité de soi sur les réseaux sociaux. Pour autant, il est intéressant de se demander si ces communications de plus en plus intensives dépassent les mises en valeur un peu « surfaites » traditionnellement associées à Facebook. Cette mise en visibilité de soi et des autres est devenue incontournable, à l’heure où les individus peinent à exister sans identité numérique.

Facebook est également un incroyable vecteur d’informations pour les jeunes subsaharien.ne.s qui ont parfois confronté leurs projections aux images sombres des migrants de La Chapelle dans la capitale française ou de la « jungle » de Calais dans le nord de la France. Ceci étant dit, ces images n’ont pas beaucoup découragé ceux qui souhaitent poursuivre leur route jusqu’en Europe. À l’heure du web 2.0, les jeunes subsaharien.ne.s connectés ne cherchent plus l’eldorado, mais revendiquent le droit à la mobilité. Bien que certains d’entre eux aient obtenu un titre de séjour et envisagent de rester sur place, la plupart des subsahariens refusent que le Maroc soit une fin de route. Pour ces derniers, l’intensification des échanges d’informations rend de plus en plus incompréhensible le durcissement des frontières étatiques et la panoplie des outils dissuasifs utilisés pour décourager leur mobilité. De plus, ils sont relativement conscients du double rôle joué par le Maroc qui, bien qu’ayant instauré une nouvelle politique migratoire continue de « jouer » au garde-frontière de l’Union européenne en gérant contraintes et opportunités[4]Les acteurs et actrices des organisations de la société civile ont … Suite....

Hypermédiatisation des violences contre les migrants, réactions publiques et droit à la mobilité.

L’hypermédiatisation des violences subies par les jeunes migrants sur le chemin de la migration ne les décourage pas. Au contraire, les violences subies et fortement médiatisées renforcent leur détermination à faire triompher leurs droits. Comme indiqué plus haut, ces jeunes migrants subsahariens revendiquent un « droit à la mobilité ». Ce droit à la mobilité est d’autant plus actuel pour eux qu’il correspond à un contexte plus général marqué par le développement des technologies de l’information et de la communication, avec l’avènement d’Internet qui rompt les frontières en permettant un échange global instantané.

Ces questions méritent d’être traitées sous l’angle d’une analyse critique des divers usages de ces nouveaux supports électroniques et médiatiques offerts.  En effet, une possible posture critique considérerait que les pratiques médiatiques et les usages des TIC sont ancrés dans des modes de vie marquées par des appartenances sociales, des structures et des contraintes socioéconomiques (Alzouma, 2008; Diminescu, 2002; Denouël et al., 2014; George et Granjon, 2008; Granjon, 2012; Granjon et al., 2009; Leung, 2011; Loum, 2011 et 2009; Mattelart A., 2008 et 1995 ; Mattelart T., 2009; Ntambue, 2001). Dès lors, l’attention est accordée aux contextes socioéconomiques et culturels, aux modes de vie et aux relations de pouvoir dans lesquelles s’insèrent les usages des TIC et la réception des médias. En d’autres termes, il s’agit de considérer les facteurs macro des structures socioéconomiques et administratives et le contexte micro des pratiques médiatiques et usages des TIC. La démarche critique de l’analyse des usages des TIC consiste à prendre ses distances d’avec le « catastrophisme » et « l’optimisme béat » de ces deux types d’approches. Pour Dominique Wolton, « le même clavier et les mêmes informations ne suffisent pas à créer une égalité » (2002: 32). Granjon et al. (2009 : 14) postulent que « l’appropriation des TIC ne conduit pas automatiquement à davantage d’autonomie, de puissance cognitive, d’activités relationnelles [et] c’est à l’enquête de terrain et aux analyses empiriques de mettre à jour les effets contingents des usages de ces technologies ». Les résultats provisoires de notre enquête de terrain démarrée depuis trois ans répondent à ces préoccupations émises dans une perspective critique. Autrement dit, cette réflexion essaie in fine de faire la démonstration que les pratiques médiatiques de ces jeunes migrants africains s’insèrent dans des trajectoires migratoires « détournées » et « circulaires » à partir du pays d’origine, en passant par les pays de transit et jusqu’à l’arrivée dans le pays de destination finale.

Par ailleurs, il semble de plus en plus plausible que la réalité virtuelle ait définitivement préséance sur la matérialité des frontières et ses logiques répressives, renforçant la déconnexion des élites décisionnelles avec ces réalités. Il y a chez ces jeunes une sorte de construction « imaginaire » d’une causalité directe entre la disparition des frontières virtuelles rendue possible par Internet et ses usages (des milliards de messages échangés instantanément via les réseaux sociaux) et l’éradication de frontières physiques qui seraient en décalage avec une « mondialisation » ouverte à tous et forcée par l’explosion des technologies de l’information et de la communication. La « nouvelle Jérusalem Céleste » de Pierre Lévy (1994) n’est pas qu’une réflexion isolée produite par la croyance intellectuelle enfermée dans une sorte d’« idéologie communicationnelle » qui aurait tendance à virer comme disent Proulx et Breton (2002) vers une sorte de « dictature épistémique ». Elle se déploie de façon plus « terre à terre » dans cette perception résolument optimiste de ces jeunes migrants subsahariens qui cherchent à frayer un chemin parallèle au destin de l’Internet et de ses nombreuses plateformes permettant un échange instantané à celui des migrations du Sud vers le Nord. L’incompréhension et la déception de voir les chemins des migrations fermés à ces nouveaux « dreamers » s’accentuent quand les tracasseries administratives cèdent le pas à la répression, aux violences dont ils sont victimes et dont le caractère spectaculaire a fini par éveiller la curiosité médiatique.

L’hypermédiatisation des violences perpétrées contre les migrants africains en Libye a permis, entre autres, une libération de la parole sur les réseaux sociaux. Les vidéos de témoignages de « rescapés de l’enfer libyen » ont fait rapidement le « buzz » sur la toile. D’autres jeunes africains ont saisi l’occasion pour raconter les agressions ou les traitements racistes qu’ils ont subis dans d’autres pays de la sous-région, et notamment au Maroc et en Algérie. Sur la blogosphère, notamment sur Facebook, les jeunesses des capitales africaines interagissaient avec les diasporas afropéennes. Dans certaines vidéos, on voyait des jeunes Abidjanais menaçant de représailles les « Arabes » et/ou Libanais vivant en Côte d’Ivoire. Des mobilisations collectives ont aussi rapidement été organisées. En réaction aux images de la CNN, certaines personnalités publiques, telles que Kémi Séba[5]Kémi Séba, né en 1981 à Strasbourg, se définit sur les réseaux … Suite... ou Claudy Siar[6]Claudy Siar est un animateur radio connu pour son émission « couleur … Suite... ont appelé à des mobilisations collectives devant l’ambassade libyenne à Paris[7]Voir l’article de Kane, Coumba, « Manifestation à Paris : ‘’Non … Suite.... L’objectif était à la fois de dénoncer le traitement réservé aux jeunes africains en Libye et de demander leur libération, mais également d’évoquer le sort du continent africain, le soutien des gouvernements européens aux dictateurs africains et le pillage des ressources. Pour le célèbre activiste Kemi Séba, le véritable ennemi, ce n’est pas la Libye, mais les « criminels de dirigeants africains » qui envoient leurs jeunesses à la mort.

Ces images ont aussi suscité la réflexion d’intellectuels africains sur la condition de l’homme noir au vingt-et-unième siècle. Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde le 25 novembre 2017, Achille Mbembe et Felwine Sarr sont ainsi revenus sur un certain nombre de traitements indignes infligés aux hommes et aux femmes noirs à l’échelle de la planète. Ces évènements les ont conduits à reprendre les propos d’Aimé Césaire pour affirmer avec effroi que le migrant de peau noire est devenu cet « homme-famine », cet « homme-insulte », cet « homme torture » dont on peut malmener, frapper et tuer le corps sans avoir à rendre de compte ou à s’excuser auprès de personne (Tribune Le Monde, 25 novembre 2017). Pour ces deux intellectuels, les indignations et les élans de solidarité provoqués par la diffusion des images de la CNN ne peuvent se substituer à la protection des chefs d’États africains. En effet, ces derniers délaissent de plus en plus le terrain de la lutte pour les égalités et l’application concrète des traités et conventions sur les droits des personnes, préférant déléguer le plus souvent ce travail aux organisations non gouvernementales dont le poids relatif dans le champ des rapports de forces des relations internationales constitue un handicap certain.

Quant aux réactions politiques, elles ne se sont pas fait attendre. Le président français s’est rapidement exprimé pour qualifier les ventes d’esclaves de « crime contre l’humanité ». Le 28 novembre, visiblement agacé par la question d’un étudiant burkinabé lors de son discours à l’université de Ouagadougou, le président Macron s’est emporté : « Mais qui sont les trafiquants ? Ce sont des africains, mon ami ! Ce ne sont pas des Français. (…) Ce sont des Africains qui esclavagisent d’autres Africains. » Ce que le président Macron a omis de préciser, c’est que depuis que l’Union européenne et l’Italie ont signé un accord avec la Libye, fournissant aux garde-côtes libyens du matériel, des formations et de l’aide pour patrouiller en Méditerranée, environ 20 000 personnes ont été interceptées et reconduites dans des centres de détention en Libye. La signature de cet accord ayant été sans doute moins médiatisée, cette schizophrénie politique a échappé aux auditeurs burkinabés et européens. Excepté l’évacuation de migrants via le programme de retour volontaire de l’Organisation internationale des migrations (OIM) ou quelques avions affrétés par deux ou trois pays africains, le sort des subsahariens en Libye a été oublié dès que les médias ont cessé d’en parler.

C’est dans cette brèche ouverte que devrait s’insérer une réflexion critique sur les rapports de forces en relations internationales et dont le chaos libyen consécutif à l’assassinat de Kadhafi constitue un « cas d’école ». L’hypothèse qui sous-tend une telle perspective est que le chaos libyen qui a régénéré des pratiques dites esclavagistes dont sont victimes les jeunes migrants subsahariens, n’aurait peut-être pas existé aujourd’hui, si l’élimination du président Kadhafi n’avait pas été acté après des calculs menés dans les officines du Palais de l’Élysée et ensuite au sein du Conseil de sécurité où plusieurs éléments renvoyant à des considérations politiciennes, des rapports de pouvoirs ou jeux d’influences et de contrôle des richesses s’entremêlent.

Du chaos libyen au piège esclavagiste des migrants subsahariens : une série de questions médiatiquement négligées

Kadhafi a été tour à tour l’ennemi puis l’ami des États occidentaux. Il a reconnu avoir commandité des actes terroristes contre les intérêts occidentaux et a accepté par la suite de fournir des réparations aux familles des victimes. Il a estimé avoir compris les actes supposés de représailles contre Al Qaida et les bombardements américains contre l’Irak de Sadam Houssein à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Il a surtout signé des accords avec ses « amis » Berlusconi et Sarkozy pour ouvrir des zones de « transit » ou plutôt de « blocage » et aider à endiguer ou stopper l’émigration clandestine passant par la méditerranée. Les visites fortement médiatisées à Paris (avec les tentes à l’hôtel Marigny) et en Italie en 2007, étaient les gages d’une nouvelle détente dans les relations avec la Libye, un contexte qui devrait favoriser l’option résolue de l’Union européenne à freiner les migrations passant par la Méditerranée. La visite de Kadhafi a même failli causer l’expulsion du gouvernement d’une ministre chargée des droits humains qui a osé contester la pertinence de sa présence sur le sol français.

Les gages d’affection réciproque n’ont pas résisté au temps politique. Les considérations géopolitiques ont très vite évolué. Les contestations internes qui visaient le régime de Kadhafi ont modifié l’agenda international et inversé l’ordre des priorités. Autrement dit, la question migratoire est devenue subsidiaire dès lors qu’a été entrouverte la possibilité d’accéder au contrôle du pétrole libyen à travers un éventuel renversement du régime de Kadhafi. Les événements se sont accélérés. Les bombardements de la France et des États-Unis combattant aux côtés des « rebelles » de Benghazi ont été autorisés par le Conseil de sécurité et déclenchés par l’OTAN. Pour ne pas laisser persister dans l’imaginaire des autres pays africains l’impression d’une « nouvelle occupation occidentale », des chefs d’États africains ont été instrumentalisés pour légitimer l’intervention. Parmi eux, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade. Son périple au quartier général des rebelles libyens, savamment préparé par les services stratégiques de l’Élysée et du Quai d’Orsay, traduit un réel sentiment de faiblesse des dirigeants africains face aux intérêts de l’ancienne puissance coloniale qui peut à l’occasion renvoyer aux calendes grecques ces sursauts de nationalisme africain longtemps déployés par le président Wade, ancien chantre déchu du panafricanisme.  Le paradoxe est que ceux qui ont pleuré la chute de Kadhafi et déploré son assassinat programmé par l’OTAN, vont probablement approuver le scénario d’une intervention étrangère si la situation l’exige ailleurs. Dans le champ des relations internationales, le baromètre des sentiments est à géométrie variable et n’est pas insensible à la géographie.

Tout compte fait, l’intervention de l’OTAN et sa conséquence directe, la chute du régime de Kadhafi, ont créé les conditions du chaos libyen. Et ce chaos, s’il n’a pas forcément engendré la situation nouvelle des migrants « vendus aux enchères » comme aux temps de l’esclavage, a fortement contribué à la rendre possible. Le silence médiatique aidant, le phénomène a par la suite pris de l’ampleur. En dehors de quelques médias aux politiques éditoriales alternatives assumées comme Mediapart [8]oir dans Mediapart, le 3 Juin 2016, l’article d’Edwy Plenel : … Suite... ou Le Monde diplomatique[9]Voir dans Le Monde diplomatique, le 22 novembre 2017, l’article de … Suite..., personne n’a envisagé l’hypothèse que cette guerre ne serait pas une guerre entre Libyens, mais une guerre menée par délégation, sur commande de puissances extérieures. Ce qui est sûr par contre, c’est que cette guerre  n’aurait pas été envisageable avant les révolutions tunisienne et égyptienne. La politique étant par excellence la gestion des opportunités, ces « multinationales » ne pouvaient manquer l’occasion qu’offrait un possible soulèvement des populations libyennes pour encourager et accélérer le mouvement de contestation (Notin, 2012) avec pour objectif final de procéder à un partage plus équilibré, dans leur entendement, des marchés du pétrole en Libye. La Chine et la Russie ont regardé faire, en espérant tirer les dividendes de leur supposée neutralité en la circonstance. Comme lors du coup d’État contre Allende au Chili en 1973, la realpolitik a pris le dessus sur le jeu des alliances dans les relations internationales (Laurent, 2005 ; 2003). Ce n’est plus la proximité idéologique, mais l’intérêt immédiat de chaque pays qui devient le baromètre, donc la matrice générale d’appréciation pour justifier une intervention ou une abstention.

Le chaos libyen et le sort des migrants africains dans ce pays de « transit » sont donc inséparables d’une analyse critique projetée sur le jeu des rapports de forces circonstancielles ou structurelles dans les relations internationales. C’est l’hypothèse que pose en partie la présente étude. Kadhafi a sans doute été « l’agneau du sacrifice » désigné, et sa fin tragique a inauguré une période d’incertitude et d’instabilité. L’hétérogénéité des groupes composant le Conseil national de transition a empêché l’émergence d’un projet cohérent d’innovation politique dont sont demandeurs les Libyens, surtout la frange la plus jeune de la population. Comme la nature a horreur du vide, les mouvements les plus organisés, les organisations islamistes, ont occupé le terrain politique. Le décalage entre le projet islamique et l’aspiration à plus de libertés des jeunes va rapidement produire des tensions sociales et engendrer le chaos et l’anomie sociale. C’est dans ce contexte de désorganisation généralisée et de dislocation de tous les socles anciens de stabilité que se joue le sort des jeunes migrants africains qui passent par la Libye. Cette analyse est aujourd’hui corroborée par la vive tension politique qui met en opposition les options respectives de l’Italie et de la France sur la question migratoire en général et le sort des jeunes migrants africains passant par la Libye. Carlo Sibilia, sous-secrétaire italien au ministère de l’Intérieur accuse ouvertement la France d’être à l’origine de l’instabilité en Libye : « L’atteinte à la stabilité en Libye a entraîné la création de problèmes auxquels l’Italie devait faire face, y compris la question des migrations[10]https://senego.com/dossier-libyen-litalie-sen-prend-a-la-france_869263.html ». S’il souhaite un règlement rapide des différends qui opposent les deux pays, le ministre italien estime que cela devra passer par la reconnaissance officielle de la France (qui avait convaincu l’OTAN d’intervenir en Libye) de sa responsabilité dans le chaos libyen et la question migratoire.

Par ailleurs, il convient de s’interroger dans une perspective toujours critique sur une autre coïncidence plus ou moins troublante : c’est la rapidité avec laquelle certains jeunes migrants africains « mineurs » accueillis sur le sol français bénéficient de contrats d’apprentissage dans les entreprises françaises? Un responsable de centre de réinsertion sociale rencontré à Bordeaux nous raconte que son établissement accueille actuellement une vingtaine de jeunes migrants africains qui sont passés par la Libye et qui sont déjà insérés socialement via les contrats d’apprentissage encouragés par les nouvelles dispositions prises par le gouvernement Macron pour réguler le chômage des jeunes[11]Ces jeunes accueillis dans ce centre et passés par la Libye racontent que … Suite.... Autrement dit, la France encouragerait-elle indirectement cette migration pour combler le déficit réel de main d’œuvre auquel font face les entreprises françaises? S’il est difficile de soutenir rationnellement une telle hypothèse, le questionnement de notre interlocuteur sur cette « coïncidence troublante » mérite d’être posé et envisagé dans la perspective plus holistique de la question migratoire inscrite dans le jeu des rapports d’intérêts divergents des États.

Conclusion

À l’heure actuelle, la réalité virtuelle a définitivement préséance sur la matérialité des frontières et ses logiques répressives, renforçant la déconnexion des élites décisionnelles avec les réalités vécues par les jeunes migrants 2.0. Nous avons montré que ces jeunes, quelle que soit leur situation, sont connectés avec les différents espaces migratoires qu’ils traversent. Un jeune migrant à Tanger communique sur Whatsapp avec l’aventurier qui l’a précédé en « mbing » (la France) et écoute les clips en vogue à Abidjan, Dakar ou Paris. Le fait qu’Internet soit considéré comme un élément réducteur voire même « effaceur » de distance est un des enseignements qui ressortent dans cette étude. Il y a chez ces jeunes une sorte de construction « imaginaire » d’une causalité directe entre la disparition des frontières virtuelles rendue possible par Internet et ses usages (des milliards de messages échangés instantanément via les réseaux sociaux) et l’éradication de frontières physiques qui seraient en décalage avec une « mondialisation » ouverte à tous et forcée par l’explosion des technologies de l’information et de la communication.

S’il est aisé de trouver des réponses à certaines questions à travers les récits obtenus auprès de ces jeunes migrants, il est plus difficile de « connecter » cette perspective microsociologique à une critique plus globale et structurelle du champ des relations internationales. C’est là que se situe l’originalité de cette contribution qui, en même temps qu’elle porte un regard sur les représentations médiatiques des migrants subsahariens, essaye de démontrer comment les conséquences de l’intervention de l’OTAN (chute du dirigeant libyen Kadhafi et le chaos social que cela a engendré ) ont rendu plus périlleux le « chemin » des migrants subsahariens dont le rêve d’une vie meilleure en occident s’est transformé en cauchemar, occasionnant notamment le « resurgissement » de pratiques esclavagistes dont ils sont victimes. La non-évocation dans les médias de cette causalité directe entre les effets d’une intervention et l’existence des pratiques esclavagistes est aussi frappante que le caractère spectaculaire des reportages montrant les images de migrants vendus aux enchères. Une fois dépassés le sensationnel et l’émotionnel que produisent ces genres de reportages médiatiques, reste le plus difficile, soit envisager les effets d’une structuration des rapports de forces dans le champ des relations internationales sur des événements conjoncturels ou circonstanciels qui attisent plus la clameur médiatique qu’ils ne stimulent la réflexion critique plus globale ou holistique.

Références

Références
- 1 Par exemple, chez Maroc Telecom ou Inwi, les deux opérateurs principaux, on peut acheter 1 giga pour 10 dirhams (0,92 centimes d’euro) sans abonnement. La diversification des réseaux sociaux (Whatsapp, Imo, Messenger) et leur plus grande accessibilité permettent aux jeunes qui le souhaitent de communiquer régulièrement avec leurs proches à l’extérieur du Maroc.
- 2 Cet entretien informel a été réalisé en juillet 2017 dans le cadre d’un séjour de recherche de trois mois à Rabat. Ces entretiens ont été menés dans le cadre d’une recherche doctorale avec pour technique principale l’ethnographie, entre décembre 2016 et décembre 2018.
- 3 Ce jeune Ivoirien gagne 70 dirhams (6 euros cinquante) par jour. Ce métier peut rapporter avec les pourboires, par contre il est physiquement éprouvant : les mains sont abimées en raison des produits chimiques, mais aussi le dos, en raison du travail courbé dans la voiture. Il y a aussi les contraintes d’un travail à l’extérieur car les travailleurs sont confrontés à l’humidité et au froid en hiver, notamment au contact du sol.
- 4 Les acteurs et actrices des organisations de la société civile ont clairement noté une intensification des opérations des forces de l’ordre marocaines entre juillet et septembre 2018 où plus de 6500 personnes arrêtées et déplacées de force (Rapport GADEM, « coûts et blessures, Rapport sur les opérations des forces de l’ordre menées dans le nord du Maroc entre juillet et septembre 2018).
- 5 Kémi Séba, né en 1981 à Strasbourg, se définit sur les réseaux sociaux comme un résistant africain, écrivain, chroniqueur TV et Radio et président de l’ONG Urgences panafricanistes. Plusieurs de ses organisations ont été dissoutes par décret pour incitation à la haine raciale et il est considéré par beaucoup comme un suprémaciste noir. Il jouit cependant d’une grande popularité parmi la jeunesse africaine francophone qui le considère comme un défenseur de la souveraineté du continent. Après avoir brûlé un billet de 5000 francs CFA sur une place publique à Dakar afin de protester contre le franc CFA, il est expulsé du Sénégal en septembre 2017 et vit aujourd’hui au Bénin.
- 6 Claudy Siar est un animateur radio connu pour son émission « couleur tropicale » sur RFI (Radio France International). Il est à l’origine du concept « génération consciente ».
- 7 Voir l’article de Kane, Coumba, « Manifestation à Paris : ‘’Non à l’esclavage en Libye ! Libérez nos frères, libérez nos sœurs ! ‘’ » », Le Monde Afrique, 20 Novembre 2017.
- 8 oir dans Mediapart, le 3 Juin 2016, l’article d’Edwy Plenel : « Libye : Sarkozy perd face à Mediapart »
- 9 Voir dans Le Monde diplomatique, le 22 novembre 2017, l’article de Sabine Sessou, « Esclavage des migrants en Libye, des responsabilités collectives ».
- 10 https://senego.com/dossier-libyen-litalie-sen-prend-a-la-france_869263.html
- 11 Ces jeunes accueillis dans ce centre et passés par la Libye racontent que les pratiques dites esclavagistes vécues par certains migrants africains concernent surtout ceux et celles qui ne disposent pas d’assez de moyens pour payer le « prix de passage » vers la Méditerranée et qui seraient obligés de travailler dans ce pays de « transit » pour rassembler la somme nécessaire à la poursuite du voyage vers l’Europe. Aujourd’hui, grâce aux contrats d’apprentissage, ils disposent de facilités « inespérées » à l’arrivée (600 euros en contrepartie de la formation en entreprise, prime de restauration, d’habillement et argent de poche) et commencent déjà à faire des envois d’argent aux parents restés aux pays d’origine (Mali, Guinée, Côte d’Ivoire, Sénégal).


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Pour citer cet article

et , "Migrations de jeunes Africains et représentations médiatiques des migrants : perspectives critiques", REFSICOM [en ligne], Communication, changement et mondialisation. Quels objets, quelles dynamiques, quels enjeux nouveaux dans les Suds ?, mis en ligne le 07 mai 2019, consulté le mardi 19 mars 2024. URL: http://www.refsicom.org/591


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